Musée d'Ixelles / projet

2023

CONTEXTUAL PROPOSAL

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Pour le Musée d’Ixelles, je propose un geste qui s’inscrit dans l’architecture, qui reflète à sa manière les collections, et qui trouve aussi sa place dans le quotidien des usagers. Je souhaite intervenir de manière interstitielle, avec le désir, plutôt que d’occuper l’espace, d’en ouvrir d’autres, de révéler une structure, une mémoire architecturale, de rythmer une journée et de faire parler les œuvres.


Ma proposition s’articule en deux traductions spatialisées de la collection du musée:


- L’une est une sorte d’ornementation accentuant les reliefs architecturaux qui sont les traces d’une structure passée. Ces lignes visibles sur la partie haute des murs révèlent pour certaines la structure de l'architecture de la salle d'exposition temporaire qui se trouve de l’autre côté. La pose de profils d’inox poli miroir sur les angles de ces reliefs capte et diffuse la lumière ambiante, ils rendent l’architecture dynamique : en se déplaçant le visiteur fera l’expérience de jeux de reflets cinétiques. Ces profilés sont le support d’une multitude de points de couleur symbolisant chacun une œuvre de la collection du musée. La couleur moyenne résultant de la réduction de chaque image à 1 pixel est une couleur unique, une condensation quasi chimique de l'œuvre. Ces points colorés composeront un réseau parcourant tous les murs. 15000 couleurs, soit le spectre du musée, l’arc-en-ciel de ses collections.


- L’autre intervention est invisible : il s’agit d’occuper l’espace par le son, en rythmant le temps à la manière d’une horloge parlante. A intervalle régulier, chaque heure ou demi-heure par exemple, une voix énonce une phrase composée à partir d’une matière textuelle prélevée dans les titres des œuvres de la collection. Ces phrases sont créées par un algorithme à partir des 15000 titres des œuvres de la collection du Musée d'Ixelles. Produite de manière aléatoire à partir d’autant de gestes d’artistes, chaque phrase pourra prendre une dimension poétique, absurde, dramatique, ludique, minimale, surréaliste, … Par leur étrangeté probable, les déclarations de cette horloge parlante seront le reflet de la profusion d’une collection : profusion ici de sons et d’idées, répondant à la profusion de couleurs sur les profilés. Cette voix sera comme sortie des antres du bâtiment, comme un écho des collections conservées au sous-sol.


Conçue comme un ensemble, les deux gestes que je propose consistent en deux traduction de la collection, deux manières de l’apercevoir, de prendre la mesure de la diversité et de la profusion d'œuvres qui la constituent. Ce sont des œuvres chorales, elles donnent à voir une polyphonie, à entendre un nuancier, à percevoir la constellation d'œuvres qu’est la collection de ce musée. De la somme d'œuvres naît un ensemble, elles fusionnent ici tout en gardant leur identité - leur couleurs, leurs mots singuliers.


Dans les différents textes et échanges concernant cet appel d'offre, j'ai entendu souvent parler du désir d’une œuvre emblématique. Ce que le musée a d'emblématique c'est sa collection et ses donations, en particulier la première de Edmond De Praetere qui a généré la naissance du musée et les autres qui ont ponctué les différentes étapes de son histoire.


L’espace destiné à accueillir l'œuvre est un espace d’accueil, de partage et de circulation : c’est le coeur social du Musée, où l’on se croise, on échange, on passe, on reste un moment. Il s'agit d'un espace auquel tout visiteur accèdera au moins un fois au cours de visite. La spécificité de ce nouvel espace est qu’il a été complètement évidé de ces étages, de ses escaliers, de ses murs, de ses sols, de ses plafonds et de ses fonctions initiales pour faire place à beaucoup de lumière, du volume, il respire. Ce n'est pas un espace que j’aurais envie de remplir alors qu’il a été évidé intentionnellement, il est devenu minimal, un white cube mais pas une galerie. Je propose qu’il reste vide mais qu’il soit connecté avec ce qui constitue l’origine et la fonction du musée : sa collection et ses salles. Prendre la collection du musée comme point de départ de ma proposition est une évidence, tout comme les spécificités spatiales et architecturales de l’espace destiné à accueillir l'œuvre. C‘est donc à partir de ce contexte que j’ai développé ma proposition qui consiste à donner à voir cette collection en la condensant pour en restituer l’échelle, en partant de la base de données elle-même. Chaque œuvre sera convoquée en un clin d'œil, un mot, une couleur, pour donner à percevoir la multitude d'œuvres que recèle le musée sans en réduire la singularité.


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Vue de l'installation (simulation), espace d'accueil Musée d'Ixelles

Détail profilé (simulation)

Exemples de phrases produites alléatoirement à partir de la base de données de titres d'oeuvres de la collection